En lisant Out, de Natsuo Kirino
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Out, de Natsuo Kirino
Published 27/05/2008 Un peu de noir Leave a CommentÉtiquettes : Natsuo Kirino, Shinya Tsukamoto
En lisant Out, de Natsuo Kirino
A partir de Haze, de Tsukamoto
Published 14/05/2008 Quelques films 1 CommentÉtiquettes : Shinya Tsukamoto
A quoi ressemblerait ton enfer ? Qu’est-ce qui l’habite ? Ton père, ta mère, ton voisin, ton prof, un type que tu n’as vu qu’une fois mais dont l’image reste poisseuse, ta femme, ton ex, ton patron, une armée de patrons qui cherchent à te faire bouffer tes oreilles et à t’arracher les yeux, ou les classiques mais virulents démons de tes cauchemars ? Dans celui-ci il est seul, du moins c’est ce qu’il semble, même s’il semble craindre la présence de quelque chose planqué dans l’ombre, une vague lueur jaunâtre atteint difficilement son visage, la sueur qui le recouvre, plutôt. A vrai dire, il est paniqué. Où est-il et pourquoi ? Dans des égouts, au milieu de tuyauteries sans fin ? Ces jambes qui traînent appartiennent-elles au visage qu’on a aperçu, ou l’inverse, ou n’ont-elles rien à voir et sont-elles douées du pouvoir de se mouvoir par soi-même ? Les membres d’arrachent ou se dédoublent, semblent vivre leur propre vie, à nos dépends. Cette impression sûrement n’est pas des plus agréables. Le démon qu’on vient d’apercevoir, ou qu’on a cru apercevoir, est-ce vraiment la bête qu’on croit, ou seulement le personnage qui essaie de fuir ? Qui est le monstre qui le torture, qu’on n’aperçoit pas, s’il y en a un ? Il doit bien en avoir un puisqu’il pisse le sang et qu’il aperçoit dans mouvements, et qu’il a bien fallu que quelqu’un l’amène ici. Dans ton enfer, serais-tu contraint de plonger dans une mare de sang où trempent les membres de tes congénères, qui ont peut-être eu la même idée que toi : plonger dans ton angoisse pour ressortir de l’autre côté, ou bien ton enfer serait-il moins spectaculaire, moins horrifique ? Est-ce que quelque chose, que tu ne peux voir, te frapperait sans cesse l’arrière du crâne sans que tu puisses bouger, mais seulement gémir ? Est-ce que tu glisserais le long d’un tuyau auquel tu pendrais par tes dents ? Et s’il y avait quelqu’un dans ce trou, est-ce qu’il chercherait à te bouffer le crâne ou est-ce qu’il serait possible d’unir ses efforts pour s’échapper ? S’échapper de l’enfer, drôle d’idée ? Est-ce qu’il pourrait servir de décor à une belle histoire d’amitié genre « l’amitié ne s’éprouve vraiment que dans les moments les plus horribles de l’existence » ? Une comédie alors. Lui ne sait pas où il est et ne se souvient de rien, mais il rencontre une femme, une femme qu’il connaît même s’il ne s’en souvient, qui l’incite à la suivre car elle pense connaître le chemin qui conduit à la lumière ou juste ailleurs, ou quelque chose comme ça, même s’il est probable que sur ce chemin ne se trouve que la chose, celle dont le comportement explique la présence de ces bras arrachés de leur tronc, et ces membres déchiquetés. Son seul souvenir, sa seule vision : des jeunes gens se font massacré. Et quel rôle jouait-il dans cette scène ? Est-ce qu’il faut mériter son enfer ? Quel serait mon rôle dans mon propre enfer, celui de la victime, ou serais-je contraint de me comporter comme une merde pour l’éternité, de faire souffrir, et de ne pas pouvoir le supporter, ou bien est-ce que les tortionnaires, dans cet enfer, sont-ils finalement dans un état de liberté totale et attendent simplement qu’on leur fournisse de nouveaux corps pour leurs expériences. Est-ce qu’en enfer on peut assouvir tous ses délires de puissance jusqu’à s’étouffer sans dans son pitoyable rire-sanglot de porc repus ? Un enfer libéral, en somme. Un bel enfer à son image. Peut-être qu’on a le choix entre différentes destinations, qu’on peut faire un peu de tourisme, jouer un rôle, puis l’autre, porter le déguisement du démon du cercle de l’enfer qu’on préfère (rime pour un slogan, pour encourager l’économie du tourisme dans l’au-delà, la concurrence est rude), à condition de ne pas y prendre de plaisir, évidemment, même pervers ou simplement ambigu.
(Hier j’ai regardé Haze, de Tsukamoto)
Bullet Ballet, de Tsukamoto
Published 20/02/2008 Quelques films , Un peu de noir 1 CommentÉtiquettes : Shinya Tsukamoto
Le film peut, je ne l’ai vu qu’une fois, je vais sans doute être « obligé » d’en reparler, il peut être saisi comme le fruit contradictoire des volontés de fuir et de se battre (excuse-moi, j’essaie de condenser du coup c’est pas terrible). D’abord un suicide. Celui d’un personnage qu’on ne connaîtra pas, l’amie du personnage principal avec qui il avait une conversation insouciante une seconde plus tôt. Il va chercher à se procurer la même arme (un 38 spécial) que celui qui a servi à son amie à mourir. En même temps il va chercher à sauver une jeune (et jolie) prostituée, qu’il avait, croit-il sauvé d’une tentative de suicide, en fait une arnaque organisée par un mac, qui le tabasse sous les yeux indifférents de la fille. Le type va chercher à se venger, mais on ne sait plus de quoi au juste, de l’humiliation qu’il a subi dans une rue de Tokyo, ou de la mort de son amie, ou de sa vie de merde. Il se rebiffe, mais il n’a pas fini de prendre des coups. Il essaie de « sauver » la jeune femme qui lui crache à la gueule, et il se retrouve pris, à cause de son flingue, dans une guerre de gangs. La multiplicité des couches à exploiter permet sans doute à Tsukamoto de se lâcher, les changements de rythme sont brutaux, et on cherche parfois un peu d’air, on est sidéré par les monstres humains, les personnages, et par l’étrangeté esthétique du film, entraîné par les personnages, en empathie avec eux, alors que le décor de la ville est toujours vide et inerte (on peut filmer une ville vivante, lui choisit de filmer la pierre, le béton, les immeubles immenses, la disproportion inhumaine des constructions) ; la vie est cantonnée dans les ruelles ou les plis, et y est soumise à la peur et à la violence. Comment s’échapper?
Tokyo Fist, de Shinya Tsukamoto
Published 06/02/2008 Quelques films 4 CommentsÉtiquettes : Shinya Tsukamoto
Un salarié, un VRP même, qui ne demande rien à personne, qui n’est personne, joué par le réalisateur, accepte, bonne poire, de rendre service à un de ses collègues trop occupé à se la couler douce pendant que l’autre fond sous le boulot. Il rencontre. Rencontre fatale. Il rencontre un ancien ami de lycée. On ne sait pas ce qu’ils se disent, on apprendra. Seulement quand il rentre il demande à sa « chère et tendre » de dire à Kojima qu’il n’est pas là, s’il le demande. Et en effet il viendra lui rendre visite, rendre visite à sa femme, et le pauvre type perdu ne sait plus ne sait pas quoi en penser. Est-ce qu’elle a embrassé ce boxeur? Est-ce qu’elle a couché avec lui, ou plutôt, question plus importante : que représente-t-il pour elle?
Qui donnera les coups? Qui aime s’en prendre plein la gueule? Qui refuse de crever sous les coups de poings, qui font exploser les faces le sang jailli, plus abondant que si personne ne cherchait à les détruire, s’ils ne cherchaient pas les coups, brutaux, répétitifs et incessants, comme le béton, comme la musique, comme la caméra frénétique, perdue et desespérée, qui cogne mais qu’est-ce qui cogne au juste là-dedans qui veut sortir, est-ce qu’il y a seulement quelque chose? Faut voir.
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