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Really Bad

bb2(attention, si tu veux pas qu’on te parle de l’épisode 2×12, ne lis pas, mais sinon…)

La dernière fois je te disais pourquoi le personnage principal de Breaking Bad, Mister White, nous est sympathique : il passe certes du côté de l’illégalité, mais c’est pour la bonne cause, se dit-on : pour payer le traitement de son cancer, et surtout laisser quelques milliers de dollars à sa famille. Ressorts scénaristiques classiques, double vie, mensonges, secret, sources de gags comme de tensions. On en oublie presque que ce qu’il cuisine dans sa caravane est une substance destructrice, lui-même d’ailleurs ne s’en préoccupe pas, et s’il n’aime guère voir son jeune partenaire se défoncer avec leur came, c’est surtout parce que ça pourrait nuire au business. Certes son altruisme n’enveloppe que ceux avec qui il partage certaines propriétés chimiques, ceux qui sont du même sang que lui, mais on est tout de même réjoui qu’il lève la tête, et même en impose – tout petit prof de lycée qu’il est – à certains des patrons du trafic de drogue, voire leur fasse la peau, même si c’est en tremblant.

Mais Mais Mais, c’est justement le plaisir qu’on prenait à le voir devenir un bad guy que les créateurs de la série semblent nous  inviter à questionner, geste assez rare. Tout au long de la saison 2, puisque que sa tumeur se résorbe, c’est la justification de ses actes qui semble disparaître. Finalement, alors qu’il devient de plus en plus performant dans sa nouvelle profession de trafiquant – pour blanchir son argent, se mettre d’accord avec un revendeur bien placé sur le marché -, et à mesure qu’il prend davantage de plaisir à exercer son pouvoir,  qu’il prend de l’assurance et accumule le fric, on en vient à éprouver un puissant sentiment de dégoût à son endroit, jusqu’à l’atroce fin de l’épisode 12, l’avant dernier, où il laisse crever une jeune femme. Plus précisément il la regarde s’étouffer avec sa gerbe, alors qu’il n’aurait qu’un geste à faire pour qu’elle respire. N’est-ce pas suffisamment dégoutant à ton goût ?

Bien sûr que Mister White, le respectable professeur, soit en réalité en passe de se transformer en psychopathe, sert les desseins des scénaristes et de leurs patrons : on sait qu’on doit être prêt à tout, et surtout au pire, de sorte que même si les scénaristes jugent bon de nous faire détester un personnage (brillament incarné), tout en le maintenant en vie contre toute vraisemblance, on attend comme des cons impatients, des camés, le prochain et dernier épisode, pour voir où ils comptent nous conduire, jusqu’où ils iront.

Breaking bad

breaking_badNon, décidément non, Breaking Bad n’est pas, contrairement à ce que raconte un type hébergé par Libération (no offense), n’est PAS une série réaliste. Le truc, c’est qu’on aimerait bien qu’elle le soit, réaliste. L’histoire d’un type atteint d’un cancer des poumons, stade terminal, sûrement  malade à force de bosser pour quelque patron plus réaliste ou cynique que lui (il bosse dans la chimie et de fait, en cela il y a peut-être une dose de réalisme, il s’est bien fait niquer par l’industrie). Le type en question Mister White, décide de ne plus se laisser marcher sur les couilles (excuse mon langage), et se retrouve à fabriquer, cuisiner (t’as pas eu un prof de physique chimie qui te racontait que le meilleur labo de chimie c’était la cuisine de ta maman au chomdu ?), de la méthamphétamine, pour laisser un peu de thune à sa famille au moment de crever et, accessoirement, se payer un traitement. Car il a pas un sous, le génie qui te produit de ces cristaux, d’une pureté que tu risques pas de trouver sur le marché de Saint Ouen. Ouais, donc on aimerait bien que ce soit « réaliste », l’histoire du type qui en prend plein la gueule toute sa vie, qui avale sa part des excréments du patronat, mais qui finit par dire merde !, même si c’est une fois qu’il a un pied dans la tombe.

Désolé de te décevoir mon vieux mais, ouvre les yeux, ça n’existe pas. S’ils avaient voulu faire une série réaliste, je pense qu’on l’aurait regardé crever, plein de regrets parce qu’il avait pas réussi à sauter la femme de son boss. Son fiston se serait pris une balle perdue dans la tête, en passant près de la cabane d’un dealer de meth, et sa femme n’aurait tout simplement pas arrêté de pleurer de toute la série, hystérique, aussi condamnée que lui.

Non, on n’y croit pas une seconde mais GOD c’est quand même bon, ça soulage, car le type est vraiment prêt à tout ou presque, il est désespéré mais ne se laisse pas abattre (non, vraiment pas) et il utilise enfin ses talents de chimistes pour son propre bénéfice (on a parfois des passages qui ne peuvent pas ne pas évoquer, chez l’homme cultivé, Macgyver). Mais si le but était d’être réaliste soit il n’aurait pas fait ce qu’il fait, soit il serait mort, les restes de son cervelet étalés devant son parking, ou, plus banalement, car, tout de même, son beau-frère est un officier des stups, il se serait fait arrêter.

Non mon petit, ce n’est pas réaliste pour deux sous ce truc même si c’est de la bonne came, si tu veux un trip réaliste (ou de l’illusion du réalisme, puisqu’il lui revient de nous tromper sur ce qu’on croit vraiment voir peu importe) il n’y a qu’une et une seule solution et tu la trouveras du côté de Baltimore – mais tu le sais sans doute déjà alors, désolé de te soûler avec cette série. Cela dit, on n’en a rien à foutre que le scénario soit tiré par les cheveux, ou au contraire taillé sur mesures, parce que l’acteur est tout simplement excellent, et qu’on se marre bien (toujours ça que ces salauds  n’auront pas).

Suite, à propos de la Saison 2  ici.


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